[INTERVIEW] Part-Time Friends : « On est d’accord sur rien, mais on est quand même de très bons amis »

Amis à temps partiel, mais amis quand même, les Part-Time Friends ont sorti ce vendredi leur premier album, Fingers Crossed, entièrement enregistré au Pays de Galles. En mêlant douceur et bonne humeur, ils racontent un bout d’eux-mêmes, de leurs vies, de leur amitié légèrement compliquée, et de leurs opinions souvent divergentes. Au bout du compte, et malgré ce que leurs conflits passagers pouvaient laisser entendre, la résultante de leur amitié tient dans Fingers Crossed, un album sincère et authentique qui se déguste avec le sourire et sans parcimonie.
Nous ne pouvions donc pas résister au désir d’échanger quelques mots avec eux, le temps d’une interview. Cet entretien avec Pauline Lopez de Ayora, moitié du groupe et auteur des textes de l’album, est donc l’occasion de s’immerger davantage dans leur travail et leur musique, dont l’avenir ne peut nous sembler que prometteur. Justement, croisons les doigts !

Florent et Pauline, "amis à temps partiel" ont sorti vendredi leur premier album studio, Fingers Crossed
Florent et Pauline, « amis à temps partiel » ont sorti vendredi leur premier album studio, Fingers Crossed

Vous l’avez déjà fait à plusieurs reprises, mais pourriez-vous nous raconter à nouveau votre première rencontre avec Florent, votre « compère » sur scène ?

C’était en 2007, à Aix-en-Provence, pendant nos études. On faisait un BTS communication. Notre première conversation était autour des Libertines. Il était de la team Carl Barât, moi de la team Pete Doherty. Et donc ce premier sujet de conversation est vite devenu notre première dispute !

Comment avez-vous formé votre groupe ?

Florent avait déjà son propre groupe : il faisait du rock avec des amis. Mais il cherchait des textes pour ses compositions. Moi j’avais écrit quelques poèmes. Il les a lus, et ils lui ont plu. Et le groupe est né.

D’où vient ce nom, amusant mais intriguant, de Part-Time Friends ?

En fait, on s’est encore disputé quelques temps après et on ne s’est plus adressé la parole pendant un an. On a finit par refaire de la musique ensemble. Mais on reste, encore aujourd’hui, très différents. On n’est d’accord sur rien, on se dispute très facilement, et on a pas du tout le même point de vue pour beaucoup de choses. On aimait aussi beaucoup les Mody Peaches. Dans une de leurs chansons (Anyone else but you, NDLR), il y a cette phrase : « You’re a part-time lover and a full-time friend ». On a un peu fait un mélange pour l’adapter à notre cas, et on a décidé de s’appeler les « Part-Time Friends ».

Malgré vos divergences, le groupe fonctionne finalement plutôt bien, non ?

Oui. Attention, on rigole quand même beaucoup ! On ne se déteste pas non plus ! Nous sommes de très bon amis. Mais pas souvent d’accord…

On est d’accord sur rien, mais attention, on rigole quand même beaucoup !

Comment fait-on pour monter un premier album ? Quelles sont les étapes clés, et les rencontres qui vous ont permis de le faire ?

Tout a commencé lors d’un concert que l’on donnait. C’était notre pire concert, une catastrophe, un vrai désastre. On avait accumulé les tuiles, et un ampli était tombé en panne. Et il se trouve qu’à ce concert, il y avait un certain Leslie Dubest, et que cet homme travaillait pour Sony. A la fin du concert, il a demandé à nous voir et nous a dit en gros « j’ai été à des concerts avec du son mais sans vibe ; ce soir il n’y avait un problème de son, mais j’ai trouvé le vibe ». On est resté en contact, on a envoyé quelques chansons, et six mois plus tard on signait avec un label (Un plan simple, NDLR). Finalement, on s’est retrouvé à enregistrer notre album au Pays de Galles.

Au Pays de Galles ?

Oui. On avait besoin d’un producteur et on devait y rencontrer là-bas un certain Tom Manning qui avait un studio. Le temps était extrêmement mauvais. On s’est retrouvé dans un petit cottage. et dehors, il pleuvait sans arrêt. Donc on n’a pas arrêté de jouer de la musique. Clément Doumic, un ami d’enfance qui est aussi le guitariste de Feu ! Chatterton, était monté avec nous pour nous aider, mais il ne devait rester que quelques jours. On a donc enregistré beaucoup de pistes dans le désordre. C’est ainsi qu’on a créé l’EP et l’album. En fait, on les a enregistrés en même temps. L’EP devait nous présenter. On a choisi les titres les plus acoustiques pour pouvoir les jouer sur scène à deux ou trois personnes.

Part-Time Friends portrait interview

Vous chantez principalement en anglais. Est-ce pour viser un public international, plus vaste ?

Non, en fait l’anglais sonnait juste comme une évidence. C’était comme ça qu’on sentait nos chansons, et pas autrement. Je préfère d’ailleurs écrire mes textes en anglais. Evidemment, je connais moins de mots en anglais que dans ma langue maternelle. Du coup, c’est peut-être la raison pour laquelle ceux que je choisis me semblent plus justes.

Dans Here We Are. Une, vous chantez une partie en français…

A l’origine, on l’a enregistré en anglais également. C’était le texte de base. Mais au final, on avait besoin d’un minimum de français dans l’album, alors on a repris le titre dans notre langue maternelle. Pour passer à la radio, il est préférable de fournir une chanson en français. Il y a des quotas de diffusion des chansons françaises qu’il faut prendre en compte.

Quels sont les thèmes que vous abordez avec cet album, Fingers Crossed ?

C’est un album un peu égocentrique ! On parle beaucoup de nous : de notre amitié, de nos amours, de nos difficultés sur ce terrain, très difficile, qu’est la musique.

Granville a participé à une chanson, que l’on aime beaucoup, et qui s’appelle La Mer et l’Alaska. Comment est née cette idée de faire une chanson ensemble ?

En fait, on a fait connaissance par Internet. Il se trouve que notre manager et le leur étaient amis d’enfance. Un jour, on a reçu un message de la chanteuse de Granville, qui nous a dit avoir été touchée par une de nos chansons. C’était vraiment génial, parce qu’on adorait énormément ce que faisait Granville, et on les écoutait très souvent. De là, on a gardé contact et on a noué une amitié. Et on a fini par vouloir faire un titre ensemble.

« FIngers crossed est un album un peu égocentrique. On parle beaucoup de nous ! »

Dans la description de votre page Facebook, vous vous définissez comme un groupe de « folk écossais » et de « pop de la côte Ouest ». C’est quoi au juste votre genre ?

C’était de l’humour, bien sûr. Souvent on lit des descriptions très sérieuses, mais nous, on a du mal à bien définir ce que l’on fait. C’est peut-être parce qu’on est autodidactes et que l’on est un peu influencé par les groupes que l’on aime et que l’on écoute. Parfois c’est de la pop, parfois c’est du folk. On ne sait pas trop.

Justement, quels sont donc ces groupes que vous adorez et qui parfois vous influencent ?

Les Libertines déjà, bien entendu. Il y a aussi Arcade Fire, Adam Green et Granville évidemment. Et Florent me tuerait si je n’évoquais pas The Smiths, que nous adorons tous les deux. En fait, on écoute vraiment de tout, même les One Direction. A vrai dire, je suis une grande fan des One Direction (rires). Florent beaucoup moins, mais je l’ai amené à avoir une vision d’eux beaucoup plus apaisée !

Part-Time Friends

Comment composez-vous ?

On n’a pas vraiment de règles. La plupart du temps, Florent apporte une mélodie à la guitare (il est beaucoup plus doué que moi). J’essaye de créer le chant par dessus. Mais j’ai composé aussi certaines parties instrumentales sur certains titres, comme Johnny Johnny par exemple.

L’album est sorti vendredi dernier, le 18 mars. Qu’est-ce que l’on ressent à la sortie de son premier disque ?

On ressent un grand mélange d’émotions, parfois contradictoires. On est soulagés et très heureux, mais aussi épuisés. Nous travaillons tous les deux à part, pour vivre. J’ai la chance de vivre de petites missions en intérim, mais Florent, lui, enchaîne souvent de grosses journées de travail. Après il faut encore dépenser de l’énergie dans notre passion, et réussir à tout concilier. Mais on éprouve au final beaucoup de fierté en sortant cet album.

Quel est le programme à présent ?

Nous n’avons pas de tournée prévue. Nous allons probablement participer à quelques festivals cet été, et continuer de parler de notre musique dans la presse et à la radio. Nous devrions d’ailleurs  être dès demain sur France Inter.

Pour finir, avez-vous déjà d’autres projets musicaux ?

Pour l’instant, on suit le flot, le mouvement. On verra bien ce que l’avenir nous réserve.

Part-Time Friends, Fingers Crossed

L’album Fingers Crossed est disponible sur ItunesApple MusicSpotifyDeezer  et peut-être commandé sur Fnac.com.

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